J’avais récemment une discussion avec un DRH qui m’indiquait être surpris par la jeunesse de certains profils de directeurs qui lui étaient proposés.
Dans le métier depuis 20 ans, je lui indiquais alors que je le voyais comme une bonne nouvelle et une opportunité que le secteur devait à la fois saisir et encourager.
A la tête de ces établissements, désormais, le niveau de formation exigé est fixé, niveau 7 (bac + 5).
Avec une particularité qui mérite d’être précisée, même si ce n’est pas le sujet visé ici, qui réside dans le fait que ce niveau ne garantit en aucun cas que vous ayez acquis tous les concepts qui feront de vous un bon directeur.
Puisque sera reconnu comme étant « à sa place », c’est-à-dire recevable, un directeur ayant un Master 2 de langues orientales, alors qu’une infirmière ayant exercé dans le secteur Médico-social durant 20 ans ne sera pas jugée apte à cette fonction.
Il y a 20 ans, se trouvaient à la tête des maisons de retraite, des salariés ayant évolué, sans diplômes parfois, mais avec une grande expérience. Des soignant(e)s, souvent infirmier(e)s de grande expérience, et parfois, moins rarement qu’on le pense, des « propriétaires directeurs » qui géraient leur entité en « bon père de famille », avec toutes les nuances que cette expression peut compter.
Le métier de directeur a évolué au gré des années, en se complexifiant en même temps que la réglementation.
Les personnes d’expérience ont eu le choix de passer des diplômes reconnus, souvent par le biais de la Validation des Acquis de l’Expérience.
En parallèle, des formations ont émergé partout en France avec la gageure de rendre attractif ce métier jugé si peu « sexy » de directeur d’ehpad.
Formations de plus en plus complètes et qualitatives, il n’y a qu’à discuter avec les nouveaux promus pour se rendre compte de la consistance de leurs acquis théoriques, souvent confirmés par des stages terrains très opérationnels.
Le métier reste toutefois assez pénurique et le contexte devenu tendu à la fois par le manque de moyens et les révélations médiatiques, ne tend pas à éclaircir l’horizon.
Il est donc impératif de ne pas se positionner de façon tranchée dans le débat qui opposerait les jeunes diplômés (au sens date du diplôme car on passe des diplômes à tous âges fort heureusement) aux « anciens ayant une solide expérience ». Ce serait scier la branche sur laquelle on est assis.
Par exemple, la mutation du secteur rendue nécessaire par l’évolution exponentielle de la dépendance et par la remise en cause attendue par notre société, impliquera que les directeurs, nécessairement investis, aient de réelles qualités de visionnaires.
Qui sera le plus visionnaire ? Le directeur expérimenté, fin connaisseur du métier depuis des années et imprégné des changements passés et de ceux nécessaires à l’avenir ?
Ou le jeune directeur, ayant reçu une solide formation, sensible aux nouvelles technologies et ouvert à l’impérieuse nécessité de laisser place à l’innovation ?
Il serait trop simpliste de résumer la situation à cette dichotomie.
L’EXPÉRIENCE, GARANTE DE LA STABILITÉ:
Opter pour un directeur expérimenté offre une garantie de stabilité et de gestion éclairée. Un professionnel aguerri possède une connaissance approfondie des enjeux spécifiques aux EHPAD, allant de la gestion des ressources humaines à la compréhension des besoins de plus en plus complexes des résidents.
Les défis tels que la réglementation devenue de plus en plus stricte, les contraintes budgétaires et les demandes croissantes en matière de soins exigent souvent une expertise éprouvée.
L’expérience apporte également une perspective historique, permettant au directeur d’anticiper les tendances futures en fonction des évolutions passées. Cela peut s’avérer crucial dans un domaine en constante évolution, où les avancées médicales et les attentes sociétales façonnent l’approche des soins aux personnes âgées.
DES JEUNES DIPLÔMÉS PLEIN DE BONNE VOLONTÉ:
D’un autre côté, les jeunes diplômés injectent une énergie nouvelle et des idées novatrices dans la gestion des EHPAD car ils possèdent cette appétence naturelle, ayant grandi immergés dans l’ère des nouvelles technologies et de l’innovation.
Le secteur des soins aux personnes âgées évolue, avec une prise de conscience croissante de l’importance du bien-être émotionnel et social des résidents. Les jeunes générations peuvent être plus ouverts aux nouvelles approches, intégrant les technologies de pointe et mettant l’accent sur des modèles de soins holistiques.
Leur manque d’expérience peut également être considéré comme un avantage, car ils peuvent apporter une approche dépourvue de préjugés et être plus enclins à remettre en question les pratiques établies. Cela peut stimuler l’innovation et conduire à des améliorations significatives dans la qualité des soins et la satisfaction des résidents.
Par ailleurs, les formations de type Master 2 Gestion des Établissements médico-sociaux, sont désormais de grande qualité et offrent un socle très solide de connaissances réglementaires, repositionnant ces jeunes diplômés au niveau de l’expérience acquise par d’autres en plusieurs années.
TROUVER L’ÉQUILIBRE:
Plutôt que de considérer l’expérience et la jeunesse comme des éléments opposés, la clé réside dans la recherche d’un équilibre harmonieux. Un directeur expérimenté peut encadrer et guider les jeunes talents.
La mise en place de programmes de mentorat et de formation continue peut être une approche efficace pour combiner le savoir-faire d’un directeur chevronné avec l’enthousiasme et la créativité d’un jeune diplômé.
Cette synergie peut conduire à des résultats exceptionnels, où l’expérience et la jeunesse se complètent mutuellement.
Le choix entre un directeur expérimenté et un jeune diplômé dépendra avant tout des besoins spécifiques de chaque Ehpad.
Une approche équilibrée, dans un collectif de directeurs, tirant parti des avantages de chaque profil, peut offrir la meilleure solution.
Il est essentiel de reconnaître que l’excellence dans la direction d’un EHPAD ne réside pas seulement dans l’expérience ou la jeunesse, mais dans la capacité à s’adapter aux besoins changeants de la société et à fournir des soins de qualité à la hauteur des attentes des résidents et leur famille.